Olivier Perrin /LE TEMPS
Nous, les médias, sommes assez mal placés pour faire la leçon. Le «corona», décidément, c’est du pain bénit pour l’audience de nos gazettes et de nos sites d’info. Mais en faisons-nous trop ou pas assez? Souvent trop, nous dit-on lorsque nous sortons de nos rédactions. Au point que le quidam peut en avoir, légitimement, jusque par-dessus la tête, parfois… Mais grands dieux, ne se passe-t-il plus rien d’autre d’intéressant dans le monde, que ça suscite autant d’inflation, cette sale bête?

Bon, il faut dire que «l’épidémie de Covid-19 a atteint plus de 60 pays et contaminé plus de 85 000 personnes» et que «l’inquiétude semble se propager encore plus rapidement dans la population mondiale que le virus, s’amuse le dessinateur néerlandais Ruben», relayé ce lundi par Courrier international.
«Face à cette vague de panique, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle chacun au calme et à la raison. Et particulièrement les marchés financiers.»
L’irrationalité n’aide en rien. Ce que nous devons prendre en compte, ce sont les faits.» Ne pas paniquer, donc. Seulement voilà, les faits, ajoute-t-il tout aussitôt, c’est que s’il «est encore possible de contenir l’épidémie de Covid-19, cette possibilité se réduit. Nous devons nous préparer ensemble à une pandémie.»
Bonjour l’ambiance. «Neuf euros le masque. Dis donc, vous vous embêtez pas avec les prix.» La pharmacienne hausse les épaules: «C’est pas nous, c’est les fabricants. Il y a pénurie.» La cliente, elle, a aussi acheté trois mini-flacons de gel hydroalcoolique à 3 euros les 20 millilitres: «Je suis nulle en maths mais je calcule que ça fait 150 euros le litre. Le gel hydroalcoolique est plus cher que le champagne. Bienvenue en 2020!» nous souhaite Anne Roumanoff dans le Journal du dimanche.
Le coronavirus rend-il fou? Sans que personne ne connaisse réellement sa dangerosité, il y a «psychose ambiante» et «sueurs froides», pour Le Républicain lorrain. «Voyages reportés, manifestations culturelles [et sportives] annulées, hôpitaux sous pression […]. Pourtant les experts en attestent, le Covid-19 n’est ni la peste, ni le choléra. Sa dangerosité réside davantage dans la désorganisation qu’il induit» que dans sa virulence. «N’empêche, la croissance exponentielle du fléau attise le buzz et les peurs.» Et simultanément, «l’incrédulité de la population reflète la défiance à l’égard des pouvoirs publics».
Bref, si «depuis quelques jours, les journaux regorgent de conseils sur les nouveaux comportements à adopter pour remplacer les poignées de main et les bisous», ils rappellent aussi «que le fait de se serrer la main est relativement récent, datant du Moyen Age, et très occidental, et un expert en savoir-vivre interrogé dans plusieurs médias, dont L’Obs, Philippe Lichtfus, insiste par exemple sur l’importance de surtout «regarder la personne que l’on salue». L’occasion de parfaire notre éducation… ou celle qui n’a jamais été faite. «Illustration de ces nouveaux comportements sanitaires et sociaux, le ministre de l’Intérieur allemand, Horst Seehofer, a refusé lundi de serrer la main tendue de la chancelière Angela Merkel. Les deux responsables en ont ri ensemble»: