Le blues des journalistes

source: Arrêt sur Images

En 2019, Les Inrocks faisait parler des journalistes « sous-payés, précarisés, critiqués ». Et Marianne titrait sur le fait que « 37 % des journalistes veulent changer de métier ». Ces ex-journalistes n’ont pas connu de difficulté à intégrer des rédactions. Mais après quelques années de lutte contre les articles bâclés, la course au référencement, et l’absence générale d’exigence, ils se sont résolus à quitter le secteur. Arrêt sur images a interrogé, anonymement ou non, une quinzaine de professionnels ayant changé de métier ces dernières années. Âgé.e.s d’une trentaine d’années, ils avaient tout pour réussir dans ce métier : efficaces, volontaires, blancs, souvent bourgeois, sortant parfois en bonne place des meilleures écoles, ou ayant gagné des concours. Après quelques années dans une ou plusieurs rédactions de tous supports et de toutes tailles, ils ont préféré s’en aller vers d’autres horizons, sans haine mais avec une désillusion certaine. Pas forcément idéalistes au départ, mais avec une envie affichée de servir la démocratie, ils font le constat commun d’avoir été surtout des ouvriers de l’information, traitée selon une logique éloignée des belles paroles des patrons de médias et de leurs rédacteurs en chef. Selon eux, seule une révolution pourrait faire sortir ce métier d’une crise qu’ils perçoivent comme systémique autant qu’économique.