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La romancière nigériane Adaobi Tricia Nwaubani réfléchit à l'impact que peuvent avoir les fake news, des histoires fabriquées qui alimentent l'actualité

Le populaire journal nigérian ThisDay a récemment publié un article à sa une avec le titre : « Drame à l’ambassade américaine qui refuse un visa à l’évêque Oyedepo ».
L’article décrit comment David Oyedepo, fondateur de la Winners’ Chapel, et l’un des leaders religieux vénérés et influents du Nigeria, aurait fait une crise de colère au consulat américain de Lagos après s’être vu refuser un visa.
Selon la version de ThisDay, l’évêque était « visiblement perturbé ». Selon une source anonyme, la figure religieuse aurait « immédiatement envoyé ses gardes du corps chercher ses téléphones pour qu’il puisse passer des appels ».
Dans un pays où les chefs religieux sont des célébrités, et où chaque action ou inaction est scrutée à la loupe, l’histoire relatée dans le journal est rapidement devenue virale.
Les commentaires et les critiques sur le comportement présumé de l’évêque Oyedepo ont afflué. Mais il y avait un problème : l’histoire de ThisDay s’est avérée complètement fausse. « Fausse alerte », a déclaré l’ambassade américaine dans une déclaration largement diffusée, en référence à la prétendue dispute sur les visas. Un porte-parole de Winners’ Chapel a également publié une déclaration, affirmant que l’évêque avait un visa américain valide, et qu’il n’était donc pas nécessaire de se rendre au consulat. Quelques jours plus tard, ThisDay a publié des excuses, puis a suspendu les journalistes auteur de l’article. « Les deux rédacteurs en chef adjoints n’ont pas respecté les consignes bien établies consistant à effectuer les vérifications et les confirmations nécessaires attendues du personnel sur la crédibilité d’un fait aussi sensible », a déclaré la direction.
Comment une histoire aussi sensationnelle, concernant une personnalité aussi influente, a-t-elle pu échapper au regard critique des premiers responsables d’une organisation aussi prestigieuse ?
Travailler comme journaliste au Nigeria est difficile – même obtenir des fonctionnaires qu’ils confirment les détails de base peut être compliqué.