Journalistes francophones en Italie : «Pour que la Suisse, la France et l'Europe prennent enfin la mesure du danger»

Le Temps/Libération
Dans un texte adressé aux autorités, les journalistes francophones qui travaillent en Italie appellent les dirigeants à prendre «enfin la mesure du danger» face à la progression fulgurante du coronavirus.
voici leur texte:
«Journalistes en Italie pour des médias francophones, nous couvrons depuis le début la crise épidémique du coronavirus dans la péninsule. Nous avons pu constater la progression fulgurante de la maladie et avons recueilli les témoignages du personnel de santé italien. Beaucoup nous font part de la situation tragique dans les hôpitaux, les services de thérapie intensive saturés, le triage des patients, ceux – les plus faibles – que l’on sacrifie faute de respirateurs artificiels suffisants.
«Par conséquent, nous considérons qu’il est de notre responsabilité d’adresser un message aux autorités publiques suisses, françaises et européennes pour qu’elles prennent enfin la mesure du danger. Tous, nous observons en effet un décalage spectaculaire entre la situation à laquelle nous assistons quotidiennement dans la péninsule et le manque de préparation de l’opinion publique française à un scénario, admis par l’énorme majorité des experts scientifiques, de propagation importante, si ce n’est massive, du coronavirus.
«Hors d’Italie aussi, il n’y a plus de temps à perdre. Nous estimons qu’il est de notre devoir de sensibiliser la population. Souvent, les retours qui nous arrivent montrent qu’une grande partie de nos compatriotes n’a pas changé ses habitudes. Ils pensent qu’ils ne sont pas menacés, surtout lorsqu’ils sont jeunes. Or, l’Italie commence à avoir des cas critiques relevant de la réanimation dans la tranche d’âge 40-45 ans. Le cas le plus éclatant est celui de Mattia, 38 ans, sportif et pourtant à peine sorti de dix-huit jours de thérapie intensive. Il est le premier cas de Codogno, fin février, au cœur de la zone rouge dans le sud de la Lombardie.