LE TEMPS AFRIQUE: Il ne faut pas compter sur la chaleur estivale pour tuer le Covid-19

Olivier Perrin/le Temps Afrique
Les autorités sanitaires mondiales ont appelé l’Afrique à «se réveiller» face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au pire, indique Radio France internationale (RFI). «Plus de 200 000 cas ont été signalés à l’OMS et plus de 8000 personnes ont perdu la vie», insiste-t-elle ce mercredi, ajoutant que si «l’Afrique a été tardivement affectée par la pandémie, […] le nombre de cas a rapidement augmenté». Même chose en Amérique latine, où la menace se précise de plus en plus. Selon un bilan établi par l’AFP à partir de chiffres officiels, elle «compte désormais plus d’un millier de cas de Covid-19 pour neuf morts, dont un premier au Brésil, à São Paulo». La carte mondiale et les tableaux du nombre de morts et de cas confirmés publiés par Le Journal des femmesle disent bien: l’hémisphère Sud est encore relativement «épargné». Mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives.
Selon le site Futura-Sciences, «on sait que la grippe, par exemple, est un phénomène saisonnier, l’arrivée du printemps entraînant une baisse significative du nombre de cas» et l’on voit aussi «que le Covid-19 semble se propager moins vite dans les pays de l’hémisphère Sud», qui arrivent à la fin de l’été. «Cette situation, poursuit-il, est liée à plusieurs phénomènes liés à la fois à la nature du virus et à nos comportements»: «Le virus de la grippe semble mieux survivre par temps froid et sec, avec moins de lumière ultraviolette», indique un professeur de virologie au site The Conversation. La chaleur ralentit seulement. Seulement voilà. Peut-on vraiment comparer la grippe et le coronavirus Sars-Cov-2? «Le mode de transmission (par microgouttelettes lorsqu’on éternue) est en tout cas identique», et le site de la revue Social Science Research Network prétend «qu’une température élevée et une humidité relative élevée réduisent considérablement la transmission de Covid-19. […] Mais attention: la chaleur ne tue pas le virus et ne l’empêche pas de se propager: elle ralentit simplement sa progression.»
De plus, si les cas «semblent moins nombreux en Afrique, c’est peut-être en raison d’une moins bonne détection du virus ou parce que les personnes âgées, les plus vulnérables, sont en minorité», suggère de son côté Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, interrogé par LCI. Sans compter que l’on constate encore ceci, qui crève les yeux:Une intense propagation du virus en Europe […], alors que justement l’hiver n’a jamais été aussi doux et humide. Bref, tout concourt à rester prudent: «Mieux vaut ne pas compter sur la seule arrivée des beaux jours pour infléchir la tendance.» Il faudrait des températures d’au moins 30°C, selon le même chercheur, qui précise cette chose importante sur le site SciencePost.fr: ces raisonnements «météorologiques» ne conduisent qu’à des hypothèses. Non encore vérifiées, cela va sans dire. Mais mieux en le disant. D’autant que «le temps qu’il fait» n’a guère d’influence sur les problèmes de sécurité au Sud.
Au Nigeria, après Ebola
Prenons simplement l’exemple du Nigeria, avec le site Eurotopics.net. Le quotidien anglophone This Day y écrit qu’«il est louable que les autorités […] aient déjà pris des mesures pour garantir que l’épidémie n’occasionne pas de nouvelle crise du système de santé, dans un pays confronté à d’innombrables défis. […] Si le coronavirus, depuis les deux régions de Lagos et d’Ogun, devait se propager rapidement à d’autres parties du pays incapables de faire face à de telles situations d’urgence, alors le Nigeria, qui avait affirmé avec fierté être le premier Etat à avoir contenu l’épidémie d’Ebola en 2014, se retrouverait en fâcheuse posture.»