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Et si on parlait des journalistes ?

Par Romaine Jean

« Journalisme d’information et journalisme d’émotion » : le thème retenu pour les Assises d’octobre de l’UPF est vaste comme l’univers des médias.

Il ouvre de larges champs de débats possibles : comment doit-on informer à l’heure du tintamarre numérique ? Quelle est la part laissée à l’enquête dans des rédactions laminées par les restrictions budgétaires, les restructurations et les pressions ? Doit-on utiliser l’arme de l’émotion pour faire passer l’information ?

Ces questions seront débattues à Yaoundé, dans un espace qui permet échanges et discussions.

Et si les Assises étaient également le lieu de parler du métier même de journaliste, largement malmené et attaqué de toutes parts ?

Il faut dire que l’air du tempsfavorise les leaders qui parlent haut et fort, dont le point commun est la détestation des médias qu’ils utilisent pourtant largement pour asseoir leur pouvoir !

Les dernières élections ou mouvements sociaux sur de nombreux points du globe et de l’espace francophone ont été le lieu d’intimidations. En France, des journalistes ont été pris sous le feu croisé des manifestants et des politiques. D’aucuns ont même appelé les citoyens à « leur pourrir la vie ». En Algérie, des confrères qui ont couvert les grands mouvements du printemps démocratique ont été victimes d’agressions, de menaces et de séquestration de matériels. Les exemples se répètent à l’infini.

Il y a aussi, pour alourdir le climat des rédactions, l’influence planétaire des Gafa, les plateformes numériques nées de la Silicon Valley. L’internet a permis une incroyable diffusion des savoirs, mais a vu le déferlement sauvage de la désinformation, des rumeurs, la haine et les trolls comme armes d’influence… Comment contrer la viralité des nouvelles frelatées ?

Evidemment, la presse peut avoir un rôle essentiel, mais elle est affaiblie aujourd’hui et son modèle économique s’est effondré. Alors, quelle parade ?

Shirin Ebadi

Le Fonds francophone d’initiatives pour la démocratie, les Droits de l’Homme et la paix, avait consacré sa neuvième édition à la liberté d’expression en faisant un appel à propositions. En début d’année, des chefs d’Etat lançaient dans Le Monde un appel en faveur d’une information libre, plurielle et fiable imaginant pour l’an prochain un pacte étatique avec la mise sur pied d’un groupe international d’experts sur l’information et la démocratie. Plusieurs Nobel, dont l’Américain Stiglitz, l’Iranienne Shirin Ebadi et l’écrivain Mario Vargas Llosa se sont associés à la démarche réaffirmant l’urgence de protéger « le droit à l’information indépendante, pluraliste et fondée sur des faits, seule à même de permettre aux citoyens de se forger librement une opinion, seule garante d’un vrai débat démocratique ».

L’alerte est donnée. Continuons d’en parler au sein de l’UPF.