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Suisse romande : la presse va mal !

Faut-il y voir le signe annonciateur de mauvaises nouvelles ? de restructurations ? De fermetures ? De « charrettes » comme les rédactions en ont vécu ces dernières années ? Il est des exercices de transparence qui n’augurent rien de bon. L’émission « Médialogues » de la RTS recevait le samedi 25 janvier 2020 l’homme le plus important du paysage médiatique suisse, Pietro Supino. Et le moins que l’on puisse dire est que le patron de TX Group, ex-Tamedia, n’a pas mâché ses mots. « La presse suisse va mal, très mal », dit-il en substance. Particulièrement la presse suisse romande. Le plus grand éditeur de Suisse parle de « situation dramatique », évoquant une perte moyenne de 10 millions de francs de chiffres d’affaires par an, ces dernières années, pour ses titres romands, « Tribune de Genève », « 24 Heures », « Bilan » ou « Le Matin », qui même sur le web ne semble pas avoir trouvé son modèle d’affaire.
La sanction du grand patron est sans appel : la presse écrite n’est plus rentable. Le même Pietro Supino avertissait en début d’année : « un tiers des journaux suisses pourraient disparaître ces trois prochaines années, si la Confédération ne renforce pas son aide à la distribution ». Les médias n’aiment pas parler d’eux-mêmes et encore moins de leur bilan. On tremble donc devant les déclarations du patron d’un groupe, qui s’est récemment restructuré en holding, et pourrait être tenté un jour de se séparer de ses branches pourries.
Tous les éditeurs suisses connaissent aujourd’hui les mêmes turbulences, les chutes d’audience accompagnant les chutes publicitaires. Près de 50 pour cent de baisse en dix ans, dans la presse suisse. La nouvelle bouée de sauvetage semble être l’alliance digitale entre éditeurs autrefois concurrents, pour tenter de récupérer une partie du pactole publicitaire qui file chez les Gafas. Ainsi les éditeurs suisses se sont entendus sur un projet de « login unique » pour accéder aux différentes offres en ligne des journaux, à l’image de celui déjà introduit en France, où un seul identifiant donne désormais accès à L’Équipe, 20 Minutes France, RTL, Europe 1, le Journal du Dimanche et Paris Match. Le projet est surtout commercial et permettra de récupérer des données pour une publicité plus ciblée. Si tout va bien !
https://www.rts.ch/info/economie/11042656-pietro-supino-la-presse-doit-acquerir-un-savoir-faire-dans-la-vente-en-ligne-.html
Romaine Jean, présidente UPF-Suisse