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L'assureur Mobilière: quel engagement pour la presse?

JEAN-PHILIPPE BUCHS, Blog « Bilan »
Pour Ringier, l’acquisition de 25% de son capital par La Mobilière annoncée au début de la semaine marque un tournant. Pour la première fois de son histoire, un acteur économique extérieur à l’univers des médias devient actionnaire de la maison d’édition fondée par Johann Rudolf Ringier.
Au cours de ces dix dernières années, le groupe zurichois s’est profondément transformé en multipliant les acquisitions de sociétés présentes dans des activités numériques en Suisse et à l’étranger. Celles-ci représentaient 71% de son résultat d’exploitation ebitda en 2018. Ringier, comme d’autres grands groupes de presse, est devenu un acteur incontournable de l’économie digitale.
C’est dans ce contexte que La Mobilière entre dans son capital. La compagnie bernoise qui assure un ménage et une pme helvétiques sur trois cherche à la fois à pénétrer ce marché prometteur et à se développer sur le plan international. Elle estime que Ringier lui permettra de se profiler grâce à son expertise et son réseau.
Les places de marché numériques sont stratégiques car elles ouvrent de nouveaux canaux de distribution pour offrir directement des prestations. Par exemple pour un assureur en matière de logements, de vacances, de prévoyance, etc. La collaboration avec un acteur aussi important que le groupe zurichois lui ouvre donc de nouvelles portes prometteuses. La Mobilière et Ringier possèdent déjà à parts égales Scout24 Suisse.
Des coopérations entre la Mobilière et les médias détenus directement par Ringier (Blick, SonntagsBlick) et par le biais de la société Ringier Axel Springer Suisse (Le Temps, PME Magazine, L’Illustré en Suisse romande; Bilanz, Handelszeitung, etc. en Suisse alémanique) sont envisageables. Outre-Sarine, le magazine Beobachter a créé avec la compagnie d’assurance lDans le passé, des acteurs de l’économie helvétique ont déjà pris des participations dans des entreprises de médias. Dans le canton de Fribourg, le Groupe E actif dans l’énergie et la Banque cantonale de Fribourg détiennent depuis l’automne 2014 un tiers du capital de la société éditrice du quotidien La Liberté par l’intermédiaire d’une société commune. Le jour même de l’annonce de cette opération, ils ont pris «l’engagement de préserver les valeurs du journal et son indépendance rédactionnelle.»
Si Marc Walder, directeur général et actionnaire à hauteur de 10% de Ringier, assure que les médias de son groupe «conserveront leur totale indépendance», on ne trouve en revanche aucune déclaration identique du patron de la Mobilière dans le communiqué publié par les deux entreprises. Un oubli? Comme le Groupe E et la BCF, la Mobilière doit prendre cet engagement.