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La presse suisse salue la mémoire d'Hervé Bourges, ancien président de l'UPF

Le Temps/ Richard WerlyRichard Werly
Une passion pour l’Afrique. Une passion pour le journalisme. Une défense forcenée de la francophonie qui le vit, souvent, intervenir en Suisse et soutenir des coopérations télévisuelles avec la RTS. Décédé dimanche à Paris à 86 ans, Hervé Bourges était un des derniers survivants de la grande époque de la radio-télévision publique française, dont il dirigea les principales antennes: Radio France internationale (1981-1983), TF1 (de 1983 à sa privatisation par l’Etat français en 1987) et Antenne 2/FR3 (1990-1992). Des missions qui, à chaque fois, l’amenèrent à travailler avec les chaînes francophones du service public. Ce qui le conduisit logiquement à accéder, en 2001, à la présidence de l’Union internationale de la presse francophone.
Du coté du lac Léman, Hervé Bourges traîna aussi beaucoup ses guêtres de journaliste tiers-mondiste devenu conseiller politique, lors des négociations des accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie signés le 18 mars 1962. C’est en Suisse, à Genève, que ce diplômé de l’école de journalisme de Lille, fondateur ensuite de l’école de journalisme de Yaoundé au Cameroun (en 1970), fit la connaissance d’Ahmed Ben Bella, leader du Front de libération nationale algérien (FLN) puis premier chef de gouvernement du pays après la fin du régime colonial français, avant d’en devenir président (1963-1965) jusqu’à sa destitution par le coup d’Etat du colonel Houari Boumédiène.
Hervé Bourges, alors considéré comme un traître par les milieux pro-Algérie française, avait d’ailleurs acquis la nationalité algérienne. Sa tête fut un temps mise à prix par l’OAS, l’organisation clandestine résolue à éliminer tous ceux qui soutinrent la cause de l’indépendance. Hervé Bourges parvint ensuite à rejoindre l’Unesco, l’agence des Nations unies pour l’éducation et la culture basée à Paris, puis fut propulsé aux avant-postes de la scène médiatique française après l’accession de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1981.
Ne pas sombrer dans le populisme médiatique
Cette vie audiovisuelle eut deux constantes. La première fut son engagement international au service des pays émergents et des anciennes colonies françaises, résumé par la publication en 2017 d’un de ses derniers livres, le Dictionnaire amoureux de l’Afrique (Ed. Plon). La seconde fut son souci constant de garder le lien entre le grand public et la télévision, sans sombrer dans le populisme médiatique qu’il dénonça violemment dans son essai La Télévision du public, publié en 1993.
Sa capacité de survie politique nuançait toutefois ces engagements, le poussant à accepter des alliances de circonstance et à fermer les yeux sur les affaires politico-financières qui scandèrent les deux septennats de François Mitterrand. C’est d’ailleurs avec l’assentiment du président socialiste qu’il propulsa sur les écrans de TF1, en 1987, – alors que la décision de privatiser la chaîne publique avait été prise par le gouvernement de droite dirigé par Jacques Chirac – un certain… Bernard Tapie, pour animer Ambitions, une émission de prime time restée célèbre. Laquelle permit à l’intéressé de démarrer sa carrière politique. La chaîne fut ensuite revendue au groupe immobilier Bouygues et sa route croisa de nouveau celle d’Hervé Bourges lorsqu’il accéda, en 1995, à la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel, l’organisme de régulation français.