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ACRIMED REGRETTE LA DISPARITION DES JOURNALISTES SCIENTIFIQUES

Pendant la crise, pas de confinement pour la critique des médias !
Acrimed, une association française indépendante, d’observation des médias, sans publicité ni subventions, livre une série de remarques sur la couverture médiatique de la crise sanitaire du coronavirus. Extraits:
« Si les éditocrates et commentateurs traditionnels sont toujours en première ligne, la crise sanitaire du coronavirus fait (ré)émerger sur le devant de la scène médiatique deux catégories particulières : les experts « santé » et les experts « économie ». Concernant les premiers : au-delà des imposteurs et « médecins de la télé », de très nombreux médecins, aux pedigrees très divers, se sont rendus sur les plateaux. Certains relativisant l’ampleur du risque, d’autres, au contraire, beaucoup plus préoccupés par la situation. Une conséquence : la diffusion, au fil des jours (voire des heures !) de messages contradictoires (sur la durée de l’épidémie, la nécessité du port de masques, le temps de conservation du virus sur une surface, l’efficacité des tests de dépistage, et cætera) qui ne peuvent générer dans l’esprit du public profane que la plus grande confusion.
C’est notamment dans de telles situations que l’on regrette l’absence ou la rareté d’un journalisme scientifique compétent dont le rôle consiste précisément à trier, encadrer et commenter les discours d’« experts » plus ou moins éclairés, à faire le pont entre eux et le public. Informer le public ne relève pas d’un travail d’expert, mais de journaliste. Comme en économie, la parole des « experts » médicaux est par ailleurs rarement replacée dans son contexte, ce qui serait pourtant nécessaire compte tenu du fait que : 1) les connaissances sont partielles puisque les recherches autour du virus sont loin d’être achevées ; 2) les avis sur la pandémie et les moyens de lui faire face peuvent différer dans les milieux les plus spécialisés ; 3) tout « professionnel de santé » qu’il soit, un médecin n’est pas nécessairement spécialiste du covid-19, et des disciplines spécifiques existent dans le champ scientifique (et médical) lui-même (épidémiologie, virologie, infectiologie, etc.).
L’information par temps « d’union nationale » ?
Sous prétexte « d’union nationale », il est d’usage pour les gouvernements d’appeler à suspendre toute critique. Les périodes de crise (voire de « guerre » – si l’on en croit Emmanuel Macron…) sont propices à des mesures de censures et des réflexes d’autocensure journalistique (« toute information est-elle bonne à diffuser en tout temps ») ? L’ « union nationale » justifierait-elle, en temps de crise plus qu’en temps ordinaires, un suivisme gouvernemental des grands médias ? L’État devient-il alors, au nom de la sécurité sanitaire, le seul maître de l’information dont les médias doivent se faire les relais dociles ? Il est permis d’en douter. La liberté d’informer et le droit à l’information doivent donc être plus que jamais défendus ! Car des pressions sont possibles, qu’elles émanent du pouvoir politique, économique… ou des chefferies éditoriales elles-mêmes. Aussi notre critique doit-elle rester vigilante face aux velléités de contrôle de l’information, et à leur éventuel renforcement dans la période actuelle  »
La rédaction d’Acrimed